Les lésions musculaires

Pathologies sportives

Le sport est responsable d’un éventail de lésions musculaires de gravite très variable. La lésion musculaire est la pathologie la plus fréquente du sportif quel que soit le niveau de pratique. Sa gravité est très inégale. Il est important que tout accident musculaire soit diagnostiqué tôt et précisément afin que le joueur puisse reprendre son activité sportive sans tarder inutilement.

Les lésions musculaires se répartissent en deux groupes bien distincts

Les lésions musculaires bénignes, c’est à dire sans atteinte anatomique visible, qui sont d’évolution simple et de courte durée
Les lésions musculaires plus graves, c’est à dire avec atteinte anatomique bien visible, surtout grâce à l’échographie et l’I.R.M.
1) LES LÉSIONS MUSCULAIRES BÉNIGNES

Par définition elles peuvent être diagnostiquées par l’examen clinique simple, et l’échographie ou IRM est ici inutile, et de toute façon n’objectiverait aucune anomalie. En les classant par ordre de sévérité croissante on distingue: les crampes, puis les courbatures, puis les contractures et les contusions.

a) LES CRAMPES

Elles sont dues à une contraction intense et involontaire du muscle. Elle survient subitement et s’accompagne d’une douleur importante, qui ne dure que quelques minutes, mais laisse néanmoins une contracture dans les jours suivants son apparition. La crampe apparaît le plus souvent pendant l’effort mais peut aussi survenir au repos. Le traitement repose sur un étirement, relayé par des massages et d’application de glace.. La prévention passe par l’hydratation, l’apport de sels minéraux et des étirements avant et après la pratique sportive.

b) LES COURBATURES

Les courbatures ou douleurs musculaires d’apparition retardée sont aussi appelées DOMS (Delayed Onset Muscle Soreness) Ce sont des douleurs musculaires survenant 12 à 48 heures après l’effort. Elles disparaissent généralement en 5 à 7 jours. Les douleurs sont moins violentes et de surcroît elles atteignent des groupes de muscles. Malgré que la courbature est reprise dans la classification usuelle d’une blessure sans lésions anatomiques, elle présente des microlésions des fibres musculaires dues à des sollicitations de contractions excentriques excessives et/ou à une non adaptation à un niveau d’entraînement (muscle inadapté à l’intensité de l’entraînement). Les courbatures les plus sévères s’observent lors de la pratique de la course en descente, d’efforts contre la pesanteur ou lors de la pratique du renforcement de la force maximale. Il y a atteinte de la fonction musculaire et s’accompagne d’une augmentation d’une incapacité à produire une force maximale et une augmentation de la raideur musculaire, souvent observées pendant les 4 premiers jours avec la douleur musculaire.

Si certains traitements semblent atténuer les DOMS, aucun d’entre eux n’a encore démontré sa réelle efficacité en particulier dans l’accélération de la régénérescence du muscle. Le traitement repose sur des bains chauds / froids alternés et une reprise d’activité modérée. La sévérité des symptômes liés aux courbatures pourrait être limitée par : le maintien d’une bonne souplesse au niveau musculaire, spécialement celles des groupes musculaires impliqués dans l’activité physique visée, le pré conditionnement des principaux groupes musculaires avec quelques contractions excentriques de haute intensité une ou deux semaines avant la programmation de séances difficiles, l’utilisation d’exercices d’échauffement spécifiques des principaux groupes musculaires

c) LES CONTRACTURES

Comme son nom l’indique, la contracture provient de la contraction exagérée d’une partie du muscle. La douleur est d’abord ressentie à l’issue de l’exercice, pendant les phases de repos. Si l’effort est poursuivi, le muscle « se raidit » de plus en plus ; la douleur devient sensible au cours de l’exercice puis très incommodante à la fin de celui-ci. Le sportif perçoit distinctement une zone gênante. A l’examen on retrouve généralement qu’un seul muscle, voire même un simple faisceau musculaire, induré et douloureux. L’échographie ne révélera aucune anomalie. La contracture se prolonge dans le temps de 5 à 10 jours. La contracture peut provenir d’une contraction réflexe visant à protéger le muscle et la ou les articulations en jeu suite à un étirement important. L’origine peut être également une fatigue importante du muscle entraînant des désordres de certaines molécules au niveau cellulaire (calcium, potassium, magnésium). Cette pathologie peut enfin être favorisée par une lésion musculaire récente (élongation, déchirure, contusion…) qui fait que la fibre musculaire n’est pas totalement fonctionnelle.

Le traitement repose sur l’utilisation de vessies de glace, de médicaments myorelaxants et sur les massages, la physiothérapie et la rééducation fonctionnelle.

d) LES CONTUSIONS

Contrairement aux pathologies précédentes, la contusion est une traumatologie due à un choc direct sur le muscle. (Chute sur une barrière, coup sur le muscle, la béquille….). Suite au traumatisme, le muscle peut être plus ou moins lésé, les fibres musculaires plus ou moins abîmées (écrasement, déchirure). Un léger saignement interne (hématome intramusculaire) ou un gonflement sous cutané peut se produire. Les conséquences peuvent être relativement minimes si le choc a été léger. Le plus souvent elles n’empêchent pas la pratique physique. Par contre en cas de coup sévère, les fibres musculaires peuvent avoir subit un déchirement important équivalent à une déchirure, voire à une rupture musculaire. La douleur est brutale et exquise entraînant un arrêt de l’activité. L’important est de traiter l’hématome afin d’éviter que celui-ci empêche la cicatrisation du muscle et/ou se calcifie, ce qui dans les deux cas fragilise la fibre musculaire.

2) LES LÉSIONS MUSCULAIRES SÉVÈRES

Ici, l’examen clinique demeure important, mais l’échographie musculaire devient indispensable pour préciser le type de la lésion, et par là même, son traitement. Cependant elle ne doit pas être réalisée trop précocement. Le moment idéal se situant entre la 48ème et 72ème heure : en effet, l’hématome, résultant de l’atteinte des faisceaux musculaires, n’apparaît souvent qu’après un certain laps de temps, et une réalisation trop précoce de l’échographie risque de méconnaître des lésions plus graves que prévues.

Dans l’ordre de gravité croissante on distingue :

l’élongation
puis la déchirure
puis la rupture
et enfin la désinsertion musculaire.
a) L’ÉLONGATION MUSCULAIRE

Il s’agit de micro déchirures dans le faisceau musculaire, associées parfois au simple effilochage de myofibrilles. Elles sont dues à des sollicitations excessives du muscle qui travaille en limite d’étirement. On les reconnaît à cause d’une douleur brutale mais modérée, mal localisée, entraînant une gêne relativement peu importante. Le sportif a peu mal, lorsqu’on lui demande d’exécuter des mouvements seuls, par contre l’étirement est douloureux, de même que la contraction isométrique (au cours d’un mouvement contrarié). Enfin, à noter l’absence d’ecchymose visible .La palpation retrouve un cordon induré. L’échographie montre une zone hypoéchogène allongée.

Le traitement doit être immédiat et permet une récupération au bout de 10 à 15 jours grâce à la contention type élastoplaste (tape), les vessies de glace, le repos, les anti-inflammatoires locaux ainsi que d’autres méthodes spécifiques de la kinésithérapie.

c) LES DÉCHIRURES MUSCULAIRES – « Le CLAQUAGE »

Il s’agit cette fois, de déchirures de fibres, voire des faisceaux musculaires entiers.

Elles sont dues à deux causes :

Soit à une contraction trop violente et trop rapide (type démarrage)
Soit à un choc sur un muscle contracté
On les reconnaît grâce à une douleur brutale et bien localisée associée à une impossibilité totale de pouvoir bouger. Le claquage survient lors de l’effort et entraîne son arrêt immédiat.

Bien évidemment, on ne tentera même pas, dans ce cas, un quelconque étirement ou autre manœuvre car ici la blessure est trop sérieuse. Le claquage se voit surtout au niveau des ischio-jambiers et du jumeau interne.

D’ailleurs un hématome ne tarde pas à apparaître. Si la lésion est superficielle ou interstitielle une ecchymose apparaît en quelques jours. Elle constitue un élément de bon pronostic. Si la lésion est profonde, intramusculaire, l’hématome ne diffuse pas, l’ecchymose manque et l’échographie le montre très bien et peut nous guider vers une éventuelle ponction. Le traitement dure de 21 à 30 jours. Il est aussi urgent de poser immédiatement une contention compressive complétée par une attelle, et d’appliquer un glaçage qui peut se prolonger pendant 21 jours relayé par des méthodes plus spécifiques de la kinésithérapie.

d) LA RUPTURE ET LA DÉSINSERTION MUSCULAIRE

Il s’agit, malheureusement, des mêmes problèmes, dans le premier cas, le muscle est totalement déchiré dans sa partie charnue, dans l’autre cas la déchirure intervient dans son insertion ostéo-ligamentaire. Souvent il existe un bruit de claquement surajouté. Elles sont dues aux mêmes mécanismes que précédemment : effort trop violent et trop bref ou choc direct. La douleur peut aller jusqu’à la perte de connaissance, le blessé est totalement impotent et un hématome ou tuméfaction apparaît en quelques heures qui peut masquer l’encoche palpable des fibres. L’échographie confirme la véritable « fracture » du muscle. Le traitement dure de 45 à 60 jours pendant lesquels une immobilisation stricte doit être respectée (21 jours) puis un avis chirurgical est systématiquement demandé.